50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 9 — UI Artist (Shiro Games) – Maéva Delaunay

Bonjour, moi je m’appelle Maeva, je travaille à Shiro Games à Bordeaux. Je suis du coup UI artist. 

 UI Artist, ça consiste à concevoir des interfaces ergonomiques pour que le joueur puisse naviguer dans le jeu. C’est moi qui fais les boutons par exemple, qui fais des petites icônes du jeu. C’est-à-dire que moi je vais recevoir beaucoup d’informations, du côté du directeur artistique, du game designer et moi je vais devoir reprendre toutes ces informations là et en fait les mettre en place. Quelle est l’information première que l’on veut que le joueur voit, du point A jusqu’au point Z, par quel point il va passer, c’est vraiment en fait de voir quelles sont les possibilités de voies qu’on peut offrir au joueur.

 Je suis arrivée dans ce métier par un peu, le pur des hasards. En fait j’ai fait un diplôme pour être directrice artistique en école supérieure et j’avais un stage de fin d’année à faire. J’avais un ancien prof à moi qui m’a proposé en fait de venir dans son entreprise et il était directeur artistique dans une boîte de jeu vidéo. Donc moi je suis “OK, c’est une expérience à prendre, pourquoi pas, je n’ai pas du tout ce monde là”. En fait pour moi il n’était pas du tout accessible. J’étais dans un diplôme de pub, de communication et c’est vrai qu’en fait je ne m’étais pas ouvert à ce domaine-là.

 Déjà le fait qu’il y ait très peu de femmes, un peu aussi, tout ce qu’on peut entendre autour de, malheureusement, toute la communauté que le jeu regroupe. Voilà, on a quand même en tant que femme, une place un peu difficile. Et c’est vrai que je m’étais pas dans un premier temps … c’est quelque chose qui ne m’était pas venu à l’esprit d’aller travailler dans ce domaine là. Donc j’ai fait mon stage et ça s’est super bien passé. Et là, en fait, c’est là que je me suis dit : “j’adore faire ça”. J’adore en fait, voir le parcours utilisateur. J’adore avoir les retours de la communauté, ça, c’est vraiment tellement enrichissant de voir plein de gens qui ont des retours positifs en fait sur ton travail, qui savent aussi reconnaître la qualité, le temps, qu’on a passé sur un jeu et c’est vraiment … j’ai beaucoup aimé en fait ce domaine là et c’est pour ça que, du coup, je me suis dit “bon bah let’s go !”.

 L’emploi du temps, ça va être beaucoup de recherches en amont, ça va être énormément, mais énormément de crayonnés. J’ai plein de feuilles sur mon bureau,  de croquis, d’essayer de savoir comment va mettre en place, de faire des tests, de voir si ça fonctionne. Une fois que mes croquis, j’ai quelques croquis validés, ou je vois que ça, ça marche. Je vais faire des maquettes quand on clique par exemple sur un bouton, ça nous emmène où, est ce que c’est logique, ce qu’on a toutes les informations ? Et, une fois qu’on a vraiment une base de wireframe vraiment très bien poussée, qu’on est content de de ce qu’on a fait, c’est là que je passe à l’habillage et que du coup, là je suis en relation avec le directeur artistique qui me donne les visuels, qu’on établit la charte graphique et que j’applique du coup à l’habillage de l’interface.

 Alors le fait d’être une femme dans le jeu vidéo, ça m’a pas forcément posé problème. Je pense qu’il faut avoir un peu de caractère et un peu de répondant des fois par rapport à certains types de personnes. Le seul moment où moi ça m’a posé problème, c’est vis-à-vis de la communauté. J’ai une mauvaise expérience il y a quelques années où on avait fait un live Twitch pour un des jeux dans mon ancienne entreprise et j’ai été confronté par une vague de hain,e par rapport, aux joueurs qui pour eux en fait, avaient complètement oublié qu’on était là pour présenter un jeu. Ce qui les intéressait, c’était la femme que j’étais, que je représentais. Donc, ça a été très dur psychologiquement de se dire “Moi je suis là, j’y suis pour présenter mon métier, mais en fait vous en avez rien à faire. Et vous déblatez des choses infâmes sur moi ou sur mon physique”. Et ça a été très dur psychologiquement d’ailleurs mon patron à l’époque, ma mis de côté m’a dit “Bon, laisse tomber là, clairement vu la vague de commentaires qu’on a eu en live”, ça a été dur oui.

 Je ne pense pas que c’est un métier que je quitterais facilement, parce que en fait, je me sens bien. Pour moi, c’est tellement en fait une passion et j’aime tellement ce que je fais genre le matin je suis vraiment heureuse d’aller au travail, j’ai vraiment le sourire. Et j’adore l’ambiance qu’il y a ici, j’adore mes collègues en fait, dans le sens que j’ai pas l’impression de travailler.