50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 11 — Directrice Artistique et 3D Artist (Nerial) – Delphine Fourneau

Bonjour, moi je m’appelle Delphine Fourneau, j’ai aussi un pseudo qui est “Dziff”. Je suis directrice artistique dans le jeu vidéo, donc game artist aussi en même temps et actuellement donc je travaille pour un studio qui s’appelle “Nerial” mais je travaille à distance et j’habite Nantes actuellement.

Alors moi mon métier en tant que directrice artistique, ça va être d’établir le style visuel de jeux vidéo. D’établir aussi tout le pipeline technique et artistique, intégrer les assets etc. Donc, je vais être dans ce rôle, un point de référence pour l’équipe artistique, quand il y a plusieurs personnes qui travaillent avec moi et vraiment garant du rendu visuel, du début à la fin du projet. Une particularité, en ce qui concerne mon parcours, c’est que j’ai toujours travaillé dans des petites équipes, sur des petits jeux, des jeux assez contenus. Donc, j’ai aussi beaucoup participé aux productions de jeux.

Moi, l’idée de pouvoir travailler dans le jeu vidéo est arrivée assez tardivement. C’est vraiment quand j’étais vers la fin de mes études pendant mon master, qu’il fallait que je trouve un stage que, en fait, j’ai réalisé. Moi, j’étais dans le nord, à cette époque-là et je me suis rendue compte qu’il y avait Ankama qui faisait des jeux vidéo, mais qui utilisaient un outil que je connaissais, qui est “Flash”. Et là, d’un coup, le jeu vidéo, c’est devenu une option parce que d’un coup, ça devenait plus accessible en termes d’outils, ou bien même du fait de mettre juste des personnes derrière la fabrication des jeux vidéo. C’est comme ça que j’ai fini par m’y intéresser et par dire mais c’est vraiment une option pour moi, parce que c’était juste un monde que je ne connaissais pas du tout.

Le rythme, il est assez classique, enfin, en tout cas pour moi actuellement. Ça va pas mal dépendre de la phase du projet. Si je suis dans une période de préproduction, donc le travail préparatoire, je vais passer une bonne partie de ma journée à dessiner, à poser des concepts arts, à faire des meetings avec le reste de l’équipe où on va échanger des idées, peut être aussi rédiger la documentation pour garder des traces pour la suite. Et puis, plus tard, en production, les tâches peuvent devenir un petit peu plus répétitives, parce que dans le cadre, que ce soit un jeu en 2D ou en 3D, on va être en train de produire des assets, il faut créer du contenu mais en général, ce qui est sympa c’est que dans un jeu vidéo on va avoir plusieurs phases dans le jeu. Moi je travaille je vais beaucoup travailler sur des jeux narratifs, donc on va avoir différentes zones, avec différents environnements et du coup là on va trouver du renouvellement juste dans le contenu qu’on a à produire.

Je pense que comme dans tous les métiers de création de jeux vidéo, il faut aimer solutionner des problèmes. Un jeu vidéo ça va amener une problématique et il faut tout mettre en œuvre pour que, dans mon cas, visuellement je puisse répondre à cette problématique comme “Comment faire pour que le personnage ressort bien sur le décors à cet endroit ?”, “Comment faire pour qu’on comprenne qu’on est à une époque différente ?”, “Comment faire pour produire facilement cinquante personnages sur une même base ?”, tout ça, ça arrive avec des problématiques qui vont avoir à la fois des enjeux techniques, visuels et il faut aimer se creuser le crâne pour répondre à ça. J’avais déjà plus jeune, vu des documentaires sur la création de films d’animations par exemple, où on nous apprend que oui, il y a tout le travail préparatoire. Et puis après, une fois tout le travail préparatoire fait, on suit le cours, on suit le scénario, on produit de manière assez binaire tout le contenu qui va créer ce film et dans le jeu vidéo, on aimerait que ça se passe comme ça, mais ça se passe jamais comme ça. Et on est sans arrêt en train de faire des petites itérations, on fait deux pas en avant, deux pas en arrière et puis après un slalom et ça je pense que c’est à la fois fascinant parce que ça nous apprend vraiment à se remettre en question, à dire “Ah bah non, ça ça marche, ça marche, comment on va faire ?”, et puis tout cet esprit d’équipe qui hyper sympa, on va avoir pleins de corps de métier ensemble qui vont oeuvrer pour que les choses s’assemblent.

Ce qui est un peu triste de se dire que le sexisme ordinaire c’est un peu le moins pire qui puisse nous arriver vu ce qu’on peut lire comme témoignage parfois. Ça tend vraiment à aller mieux clairement ces dernières années, on voit que ça va dans le bon sens. Maintenant, on entend et on lit encore beaucoup trop d’horreurs sur la façon dont ça se passe dans certains studios, dans certains milieux, plus on arrivera à avoir des équipes avec des personnes différentes et mieux ça va aller. Il y a des efforts supplémentaires à fournir quand on est une femme dans ce milieu, c’est vrai dans plein d’autres milieux aussi. Mais voilà des milieux qui sont majoritairement masculin il y a facilement une culture qui s’installe et qui n’est pas évidente, c’est assez pernicieux parce que des fois on s’en rend pas compte tout de suite et c’est juste au bout de quelques années qu’on se dit mais “Non mais en fait, je suffoquais un petit peu là-dedans”. Il faut s’accrocher, il faut se tourner vers les bonnes personnes parce qu’il existe aussi au sein de la communauté jeu vidéo et il existe des gens qui sont très inclusifs et bienveillants et une fois qu’on les trouve, ça se passe vraiment bien. Et pas hésiter justement à lever la tête et à chercher ces groupes là quand on sent que ça va pas.