50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 12 — Game Producer (Wako Factory) – Charlotte Buchet

Bonjour, moi c’est Charlotte je suis game producer chez Wako Factory, un studio de développement de jeux vidéo à Nantes.

Alors, comment je définirais game producer ? Pour moi, c’est un métier qui est très proche de la gestion d’équipe, de la gestion de projets, les délais, les budgets, faire en sorte que tout ça fonctionne. Il s’agit aussi de classer, prioriser des tâches, mettre à jour des plannings, des outils de visualisation pour chacun et chacune sache ce qu’il a à faire et surtout comment le faire, faciliter le dialogue entre les postes également. Je sais exactement où en est la production, qui fait quoi, et comment aussi et qui a accès à quelle documentation, à quelles informations, pour pouvoir bosser sereinement. Et vu que nous chez Wako on est dans un petit studio, j’ai aussi une double casquette de réalisation ou game director par extension, sur le suivi créatif des projets. Là par contre, si l’équipe grossit parce qu’actuellement on est huit, je passerai la main sur cette partie là pour me consacrer totalement au producing.

En fait on est en SCOP, ce qui fait que chacun est associé, au studio, ce qui fait que chacun a une part administrative chez Wako, donc on se partage un petit peu ce côté là, le côté business aussi. Et là, mon rôle en tant que game producer actuellement dans l’équipe, c’est plus de faire ce liant sur la partie humaine, sur la partie planning, la gestion du coût, des problématiques de temps, de budget, etc. Mais aussi encore j’ai un petit pied dans la production,donc, je vais effectuer un suivi créatif et m’assurer que les productions restent dans le ton défini en amont.

J’ai, ce qu’on appelle, un parcours complètement patchwork : j’ai un bac agricole, ensuite je suis passé aux beaux-arts. J’ai continué en communication visuelle, j’ai commencé ma carrière en tant que web designer, puis illustratrice flash ensuite je suis rentré dans l’e-learning. J’ai basculé sur un projet de serious game qui a été un petit peu le point d’accroche en fait jeu vidéo. À la suite de ça, je suis rentrée en tant que lead artist chez Playrion à Paris, j’y suis restée quelques années et avec ma compagne, on a décidé de quitter Paris, pour Nantes. Et on a créé Wako Factory en 2015. Là, j’ai commencé en tant que directrice artistique et associée, et là, récemment, j’ai évolué vers le producing.

Qu’est ce qui me plaît dans le métier de game producer. Je viens de la prod et je me suis rendue compte que je stressais beaucoup en production, “Est-ce que ma DA est cohérente ?”, “Est-ce que cet asset il est assez bien dessiné ?”, je me mettais une pression de dingue. En fin de compte, ce que je préférais c’était l’aspect organisation, gestion du poste de direction artistique, collaborer avec des artistes que j’admire, les aider sur la veille, les recherches, les plannings en gros du producing quoi. Moi j’aime les métiers où il y a à voir et beaucoup à faire. J’aime profiter de l’émulation et j’ai toujours voulu travailler dans la création d’univers ou à raconter des histoires. Mon emploi du temps, il va varier tous les jours, déjà parce que j’aime bien, j’aime pas trop la routine. Il y a quand même des choses qui reviennent. Il faut pas se mentir, ne serait-ce que : ouvrir les mails, répondre aux gens qui ont besoin de réponses, organiser des réunions quand il a besoin d’organiser des réunions, mais du fait de la double casquette en fait, je jongle beaucoup entre des problématiques de production pure et des problématiques de planification. En fait, ça va plutôt être des rôles d’objectifs. L’objectif est que tout le monde puisse être autonome et que tout le monde ait de quoi travailler, que personne ne soit jamais bloqué.

Alors chez Wako on est une SCOP déjà, c’est un engagement à part entière, on fait partie de l’économie sociale et solidaire. À côté de ça, on va travailler également sur des projets sociaux, même notre premier jeu qui est sorti en 2017, qui est un beat-them-up, avait un gros facteur coopératif, on misait tout sur la coopération et le fait de jouer ensemble, à combattre et à résoudre des objectifs. Là, le jeu sur lequel on travaille en ce moment, c’est un jeu narratif qui va traiter des problématiques de relations de genre et de sexualité. Donc oui, on est plutôt engagé socialement et politiquement.

Je pense que ça a eu une importance, en tout cas il y a très très longtemps, quand on m’a dit que je pouvais pas faire ou pas faire ça en fait, ça m’a donné envie de le faire. D’un point de vue personnel par contre, j’ai la chance d’avoir une carrière assez tranquille. Je n’ai pas été embêtée du fait d’être une femme en tout cas, dans ma carrière. Mais je sais que ce n’est pas le cas partout, loin de là, et que même si les choses ont tendance à évoluer dans le bon sens, il reste encore pas mal de choses à faire. Surtout en ce qui concerne les métiers de direction, qui souffre encore d’un gros défaut de représentation.