50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 14 — Head of Talent (Ohbibi) – Judith Tripard

Bonjour, je m’appelle Judith, je suis chez head of talent chez OhBibi. On a un studio de jeux vidéo sur mobile à Paris.

Mon métier consiste en plusieurs choses, je suis déjà en charge des recrutements, c’est quand même plus de 50% de mon job. Ensuite, c’est accompagner les salariés qui nous ont rejoint, sur l’ensemble de leur “cycle de vie” au sein du studio. Ça va être leur progression individuelle, ça va être tous les petits sujets qu’ils vont avoir, c’est également m’assurer que tout le monde est bien dans son métier, donc c’est toute la partie bien être et happiness au sein du studio. C’est également toute la partie administrative bien sûr, les contrats de travail, les payes, voilà tout ce qui est autour de l’administratif RH. Et puis, c’est également poser le cadre RH, où, par exemple, s’assurer qu’on fixe des objectifs à tout le monde, ou on évalue également sur le trimestre passé. Il y a des augmentations aussi tous les ans. Donc voilà, c’est tout ce cadre RH là que j’anime. Et qu’après, enfin, c’est la toute la partie marque employeur. Pour recruter, il faut essayer d’être connu et donc je travaille aussi beaucoup sur la marque employeur. Donc je communique énormément sur les réseaux sociaux, je participe à des événements, je suis intervenu l’année dernière au Game Camp, à Lille, sur le sujet justement de la diversité et de l’inclusion.

Est-ce que je rêvais de travailler dans le jeu vidéo ? Pas forcément initialement, parce que moi, je viens du monde de la tech et c’était une opportunité qui m’a été présentée. Et c’est vrai que je me suis même posé la question. Parce que c’était au moment où il y a eu toutes ces histoires de violences sexistes dans l’écosystème il y a deux ans. Et moi en tant qu’RH et puis aussi en tant que fervente avocate des sujets diversité et d’inclusion puisque je venais de sortir une étude à ce sujet, je me suis posé la question est-ce que c’est un bon environnement pour moi. Et j’ai rencontré les fondateurs, qui m’ont franchement convaincu qu’on était alignés au niveau de nos valeurs et qui justement par rapport aux sujets dont j’allais m’occuper, mettait ce sujet de diversité et d’inclusion au top, au dessus de mes sujets sur ma roadmap. Donc ça m’a convaincu vraiment de rejoindre OhBibi, qui est une entreprise que je trouve très singulière dans le sens où, dans une entreprise où il fait bon vivre, où on est bien, et moi après ce qui m’intéresse dans ce secteur là, c’est que c’est très fun, c’est très créatif, je veux dire, c’est quand même beaucoup plus sympa de travailler dans une entreprise de jeux vidéo que pour un sas de comptabilité, de trésorerie pour les PME. Et moi je suis toujours complètement admirative de ce que sont capables de produire et de créer, les équipes, ça réveille la jeune enfant qui est en moi et surtout, on a un univers qui est très cartoonesque, très coloré, très très joli, voilà, moi, ça me plaît énormément.

Est ce que le métier RH a changé depuis les événements de 2020, mais qui date en fait de bien avant et donc cette vague de dénonciation des sexismes dans l’industrie ? Je peux pas complètement répondre puisque je n’étais pas dans cette industrie avant, après, je pense que c’est pas un problème spécifique à l’industrie du jeu vidéo. J’ai moi même travaillé dans les médias très longtemps et on connaît en fait, le nombre de scandales qui existent dans les médias. Je pense qu’il y a deux choses : il y a la volonté de la direction de s’intéresser à ces sujets-là et de les prendre au sérieux en fait, et d’entendre qu’il y a un problème et de trouver des solutions. Et, je pense que ce qui a changé du coup, c’est quand même la volonté des directions de prendre ça au sérieux et d’inclure ça dans les roadmap de leurs RH, de faire en sorte qu’il y ait des solutions concrètes qui soit trouvées et d’être un peu moins hypocrites sur le sujet et j’espère que ça va perdurer parce que c’est une nécessité. Vraiment. On sent bien que cette toxicité là, elle est plus tolérable en 2022 et qu’on se doit, en tant qu’employeur, de protéger nos salariés de ces problèmes là.

Ce qui me plaît dans ce métier, c’est tout un tas de choses déjà c’est la diversité des missions, il y a tellement de choses à faire en RH. C’est un métier qui peut rendre très malheureux quand il n’est pas exercé dans les bonnes conditions. Quand on n’est pas en phase avec les valeurs d’une entreprise, qu’on doit appliquer des décisions avec lesquelles on n’est pas à l’aise, qui ne correspondent pas à nos valeurs, nos valeurs propres et personnelles quand même. Là, ça peut être très désagréable, ça peut mener à l’épuisement moral. Et c’est pour ça que, c’est vrai que, souvent ce que je conseille jeunes RH c’est trouver un environnement qui vous convient parce que les missions seront peut être les mêmes qu’ailleurs, mais vous y trouverez pas le même bonheur.

Est-ce que c’est facile d’être une femme dans le secteur de jeu vidéo? Alors c’est vrai que moi j’ai l’impression d’être dans le monde des bisounours quand on parle de certaines situations ailleurs. Alors que, j’ai pu travailler pareil dans certaines boites qui n’étaient pas dans les jeux vidéo où les blagues sexistes, c’était non stop. Donc à la question est-ce que c’est difficile d’être une femme, je veux dire absolument pas en tout cas, pas chez Ohbibi. Je pose la question régulièrement aux femmes de la boîte, on a un petit groupe de femmes. On avait fait un déjeuner toutes ensemble le 8 mars, on a un channel Slack où on échange toutes ensemble. Et non, il n’y a pas de sujet chez nous, mais je suis consciente que ce n’est pas le cas partout. Et encore une fois, on a beaucoup de chance.