50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 16 — Directrice Artistique (Cyanide) – Camille Lisoir

Bonjour, je m’appelle Camille Lisoir, je suis directrice artistique pour le studio Cyanide qui se trouve à Nanterre dans le 92, et moi j’exerce en télétravail depuis La Rochelle.

Alors mon métier, je dirais qu’il a plusieurs facettes selon le moment de la production du jeu vidéo. C’est à dire qu’il y a une première phase où c’est un métier de création d’univers, de personnages, en fait, c’est vraiment créer tout l’univers visuel du jeu et même plus globalement un univers artistique, c’est à dire penser aussi à tout ce qui est animation, sound design … Et après cette première phase de création, une fois que la prod démarre, c’est un travail de suivi et d’accompagnement des artistes qui sont sur le projet. Donc ça va être beaucoup de documentation, pour que toutes les équipes soient bien sur la même longueur d’onde, sur la même direction artistique et beaucoup de travail au quotidien, de retours, de feedbacks, et également aussi prendre les idées de chaque personne et voir si elles peuvent entrer dans la direction artistique qu’on a défini.

Le rapport du directeur artistique avec les autres métiers, notamment plus technique, il est constant. Le jeu vidéo, c’est pas une création libre de tout, on est obligés de définir un “cadre technique à notre création”. C’est à dire qu’en gros le jeu, c’est un certain style de jeu, par exemple, c’est un jeu de stratégie vue en top-view ou alors c’est un jeu uniquement en 2D donc, on ne va pas pouvoir tout faire. On va avoir des limites “techniques”, qui sont définies par le genre du jeu, mais aussi par le budget du jeu, par plein de choses en fait, qui font que, le directeur artistique doit faire attention à ce qu’il propose et donc ça demande une certaine capacité d’adaptation, au final, ce métier là.

Moi je suis arrivée au métier de directeur artistique, de manière, on va dire très atypique, je pense. Puisque j’ai démarré ma carrière dans le jeu vidéo il y a une quinzaine d’années et pendant dix ans, j’ai fait du marketing, j’étais community manager, j’ai ensuite été responsable marketing, notamment pour Cyanide. C’est un métier qui m’intéressait, mais au fond de moi, je savais que ce que je voulais le plus, c’était créer des jeux vidéo depuis le début, mais en fait, on va dire que quand j’étais jeune, j’osais pas le faire. J’ai un manque de confiance en moi qui faisait que je n’ai pas osé pas le faire. De fil en aiguille, j’ai commencé en fait à participer à des projets au sein de Cyanide, à proposer des idées jusqu’à en fait, devenir directrice artistique de Rogue Lords qui a été mon premier jeu chez Cyanide et ça s’est fait finalement assez naturellement, sans formation spécifique, en fait je me suis auto formée. J’essaie de m’intéresser beaucoup aux métiers de la création et j’ai appris “sur le tas” le métier et je suis toujours en train de l’apprendre. Mais voilà, c’est du coup un parcours assez atypique, je pense.

J’ai toujours joué et aimé les jeux vidéo. Après, je rêvais pas particulièrement de travailler dans les jeux vidéo. Pour moi, ça ne m’est même pas venu à l’idée, en fait, qu’on pouvait travailler dans les jeux vidéo jusqu’à la fin de mes études où là j’ai intégré en fait une école de commerce qui avait une spécialisation culture. Et je me suis dit, mais en fait, plutôt d’y jouer, parce qu’à l’époque j’étais à fond dans World of Warcraft, c’était, on va dire ma vie, enfin, c’était ma principale activité dans ma vie. Je me suis plutôt que de faire ça, pourquoi est-ce que je crée pas des jeux vidéo ? J’ai commencé à chercher des stages dans ce milieu-là et j’ai vu qu’il y avait tout un monde de métier et que c’était tout à fait possible d’intégrer ce milieu donc voilà. Au tout début de ma carrière, je rêvais surtout de participer au jeu vidéo en général, au milieu du jeu vidéo, et je me disais “n’importe quel poste”, je serais déjà très contente. En fait, au fur et à mesure de ma carrière, j’ai mûri et je sais mieux aussi ce que je voulais, notamment en travaillant dans des studios et en voyant toute la partie créative du jeu vidéo qui vraiment m’intéressait au plus haut point.

Le fait d’être une, il y a une quinzaine d’années, c’était à la fois positif et négatif, positif parce qu’il y avait vraiment très, très peu de femmes dans le jeu vidéo. Et du coup, peut-être que j’avais un peu plus de visibilité auprès des recruteurs, puisque j’avais un profil un peu différent, après c’est vrai qu’il y a une quinzaine d’années, honnêtement, je pense que beaucoup de femmes j’ai subi des paroles déplacées, des gestes qui n’auraient pas eu lieu d’être mais comme j’étais très jeune, on va dire je ne m’en rendais pas forcément compte. Je dirais que ça a quand même bien évolué ces quinze dernières années. En tout cas moi, c’est ce que je constate personnellement, aujourd’hui, je ne me plains pas particulièrement d’être une femme dans le jeu vidéo et je pense que ça progresse beaucoup, même s’il reste du travail. Mais, mais d’une manière globale les gens sont plus ouverts et les hommes sont aussi plus au fait des problèmes qu’il peut y avoir et je pense qu’ils font plus attention aussi, qu’auparavant.

Ce qui me plaît dans le jeu vidéo, c’est d’abord la partie créative, c’est le fait que ce soit un média qui soit interactif et qui mélange plein de corps de métiers artistiques et techniques et que ce soit un média en constante évolution où il y a toujours des choses nouvelles, des choses à apprendre, qui se renouvelle perpétuellement.

J’ai l’impression que c’est un média où on ne s’ennuie pas, où il y a plein de choses encore à créer, plein de sujets encore à aborder, parce que c’est un média aussi qui est finalement assez récent. Et j’aime aussi beaucoup la mentalité que les gens ont dans le jeu vidéo. J’ai l’impression que c’est un milieu assez ouvert quand même malgré tout, voilà, moi je m’y sens bien.