50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 18 — QA Analyst – Madeline Panak

Bonjour, moi c’est Madeline, je suis une QA analyst, donc assurance qualité, anciennement à Evil Empire à Bordeaux et aussi anciennement à Ubisoft Annecy sur Riders Republic.

L’assurance qualité c’est un métier que beaucoup de gens connaissent mais auquel on prête souvent assez peu attention. En travaillant sur un projet en cours, je travaille sur des tests particuliers pour trouver des bugs, juste des erreurs ou des choses qui auraient pas forcément de sens que l’équipe de développement aurait pu laisser passer et je les fait remonter à l’équipe de développement pour que ça soit corrigé d’ici à la fin de la production et que ça soit pour une release ou pour juste une mise à jour. C’est un métier effectivement qui est là au sein de la production, dès sa genèse. C’est une erreur qui est assez commune surtout dans les petits studios c’est de penser qu’on a besoin d’assurance qualité seulement à la fin ou à partir du moment où on a un prototype vraiment jouable, on est en alpha, en bêta, sauf que ce n’est pas le cas du tout en fait. Dès que quelque chose est jouable ça a du sens de le faire tester à son assurance qualité, puisqu’il suffit de retrouver un bug tout jeune avant qu’il grandisse parce que des fois en fin de production, on trouve un bug qui est là depuis le début et sauf qu’à force de construire, construire, construire la maison dessus, c’est compliqué de refaire les fondations.

Je me suis retrouvée à faire du QA essentiellement, parce que ça recrutait, parce que c’est là où j’ai trouvé un travail en sortie d’école. Donc c’était à Ubisoft Annecy, j’ai pu rentrer en dev test, faire un CDD d’un an et demi, je me suis rendu compte que c’était quelque chose qui me plaisait. Je suis assez bonne en l’occurrence, c’est un métier qui est, en soit, assez dur, c’est un petit peu le fordisme, c’est un peu la chaîne, c’est un peu la chaîne de production, c’est vraiment le job dans le jeu vidéo qui ressemble le plus à “être à l’usine”, dans le sens où c’est très répétitif, on fait la même chose tous les jours. Mais, et c’est aussi un travail qui est très … il n’y a pas beaucoup de reconnaissance dans le sens où c’est un peu comme un roadie lors d’un concert. C’est le genre de personne qu’on remarque que quand quelque chose cafouille. Il suffit de voir sur Internet, les gens qui disent assez souvent “est-ce que le QA à vraiment fait son travail ?” mais personne ne fait remarquer quand un jeu sort et qu’il a pas de bug “le QA il a vraiment bien fait son travail, c’est bien !”. Il faut accepter le fait de ne pas avoir beaucoup de reconnaissance là-dedans, ce qui est un peu dommage, mais moi, c’est quelque chose qui me plaît beaucoup et j’ai continué à m’y retrouver.

Ça a toujours été un rêve de travailler dans le jeu vidéo, dans le sens où même toute petite, je ne me suis jamais vue faire vraiment autre chose là où les autres enfants voulaient être astronautes, pompiers. Moi, je savais que je voulais travailler dans le jeu vidéo, alors ne savait pas vraiment, je n’avais pas la bonne image de à quoi ça ressemblait, mais j’avais toujours cette idée de : le jeu vidéo, c’est une industrie qui me passionne et je veux y être liée d’une manière ou d’une autre.

Le QA c’est “on est payé pour jouer aux jeux vidéo”, alors oui et non. Techniquement, c’est vrai, parce que j’avais ma belle-mère qui faisait cette blague assez souvent, qui me voyait tout le temps à travers la journée, avec la manette dans les mains. Techniquement, oui, j’ai tout le temps le jeu lancé devant moi et je fais bipbop sur mon clavier. Mais en pratique, c’est un petit peu, au final, je test beaucoup de fois la même chose. Par exemple, je fais beaucoup de tâches qui sont très répétitives, la manière dont je joue quand je joue à la maison et quand je joue au travail, même si c’est le même jeu. Parce que, par exemple, quand j’étais chez Evil Empire, je travaillais sur Dead Cell, c’est un jeu que j’aime beaucoup, j’y jouais même après mes heures de travail, et je jouais complètement différemment entre mon travail et juste quand je joue moi-même.

Du coup, moi, j’ai le cas un peu particulier que je suis une femme trans au sein de l’industrie, sachant que j’ai toujours été out dans toutes les structures où j’ai travaillé et ça a toujours été très bien reçu, que ça soit à Ubisoft ou à Evil Empire ou n’importe où d’autres, ça a toujours été très bien reçu. Ne serait-ce que, et ça c’est un truc impressionnant, c’est les premiers jours où j’ai plusieurs personnes que ça soit le DRH ou d’autres, juste d’autres employé.e.s qui viennent me voir en me disant que si j’ai n’importe quelle question ou si j’ai des problèmes avec des gens, ce qui n’est jamais arrivé en l’occurrence, que si j’ai des problèmes avec des gens, je peux aller leur en parler et que ça serait le problème serait réglé assez vite. Et j’ai aussi toujours été incluse au sein des événements “brandés” pour les femmes du studio, même en présentiel. Et ça, c’était quelque chose qui était impressionnant parce que, notamment à Annecy, j’étais en début de parcours pour moi et les gens me genraient correctement. Ils faisaient attention, était toujours très bienveillant avec moi, même quand je présentais “plus masculin” de manière plus masculine, genre j’étais en jogging t-shirt parce que bon, il était huit heures du matin, on allait faire des heures sup un petit peu et j’étais fatiguée. Donc je suis en jogging t-shirt, mais pourtant ça n’a jamais empêché les gens de me voir comme je suis vraiment et de me genrer correctement et de me respecter. Ça a été quelque chose de toujours très important. C’est vraiment bien, je me suis toujours sentie vraiment à ma place dans les structures dans lesquelles j’ai travaillé.