Bonjour, je m’appelle Saïda Mirzoeva et je suis productrice ou producer à DontNod à Paris.

Le producing c’est l’art de rassembler les talents de toutes sortes pour créer le produit final. C’est un métier qui existe dans plusieurs industries comme la musique, le cinéma, l’animation ou encore le jeu vidéo.

Si je dois expliquer mon métier en dehors du jeu vidéo, je vais surtout parler de la partie gestion de projet. Donc je vais parler du budget, des contrats, du planning global et à court terme, des négociations mais aussi du management direct avec mon équipe d’associate producer, qui eux, suivent l’avancement des équipes au quotidien. Je préfère laisser les mains dans le cambouis aux gens qui font. L’une des parties de mon métier, c’est de d’arriver à ne pas donner mon avis aux équipes créatives pour leur laisser en fait la liberté de créer ce qu’ils veulent.

Dans un projet de jeu vidéo, il y a trois phases. Il y a la phase de conception qui se fait avec une équipe réduite qu’on appelle la core team* et là, c’est un peu libre c’est-à-dire que les gens vont proposer plein d’idées etc, et là le rôle de la productrice, en l’occurrence, c’est un  peu de gérer le quotidien, de permettre aux gens d’exprimer leur besoin, de rassembler de la documentation. La deuxième phase, très importante pour la production, c’est la pré production. La pré production, c’est là où on va mettre en place tous les process d’équipe. Pendant la phase de pré production, mon équipe et moi, en fait, mon équipe d’associate producer et moi nous nous rendons disponibles pour aider les équipes à organiser leur temps, organiser le tout. C’est le moment aussi où on valide le budget, on valide le planning, on valide, voilà, les livrables. Et enfin, il y a le gros, la production où normalement tout est en place, toutes les petites roues se mettent à tourner et à ce moment-là, mes journées se passent l’oreille collée au sol pour prévenir tous les problèmes qui peuvent se présenter.

Est ce que c’est facile d’être une femme dans le jeu vidéo ? Je dirais que globalement l’industrie fait beaucoup d’efforts pour se rendre plus inclusive aujourd’hui. Mais, il faut toujours se rendre compte que nous sommes une minorité à des postes de leadership ou de direction dans les entreprises. Et tant que le déséquilibre, on va dire sociétal, sera aussi visible dans notre milieu, ce sera toujours un petit peu plus difficile. D’autres inégalités existent et s’additionnent, mais celles et ceux qui se battent pour un meilleur environnement de travail sont là et il faut soutenir toutes les actions en ce sens. Même si on ne se sent pas concerné directement, c’est important.

Le poste de producer demande une organisation sans faille. Il faut une curiosité infinie, il faut un sens des priorités, et oui, une droiture exemplaire. Il faut avoir les nerfs solides parce qu’on a mille problèmes par jour à gérer. Et le stress se ressent et redescend très vite sur les équipes, ça perturbe énormément le travail des gens. Il faut surtout avoir une très bonne mémoire aussi, il faut connaître toutes les problématiques qu’on peut rencontrer dans le futur, donc l’expérience, en réalité, c’est très important.

*Equipe principale, entièrement responsable du management au quotidien du projet