50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 5 — Directrice marketing et communication – Géraldine Mazot (BETHESDA)

Bonjour, je m’appelle Géraldine Mazot, je suis directrice marketing et communication chez Bethesda et je travaille à Paris.

Le métier de directrice marketing consiste à promouvoir et à faire connaître nos jeux auprès de communautés de gamers. Pour ça, on va s’appuyer sur les différents piliers du marketing, donc avec différentes équipes : tout ce qui est relation presse et communication auprès des journalistes, le community management qui permet de communiquer directement avec la communauté des joueurs, tous les réseaux de commercialisation et enfin les agences médias, qui sont là pour nous permettre de construire des plans de communication sur les différentes typologies de médias, que ce soit à la TV et Internet, ou le cinéma par exemple.

Ça, c’est un avantage du métier, c’est qu’on a très souvent accès aux jeux quand ils sont en cours de production et donc on voit les jeux bien avant la fin de leur développement. On a même souvent la possibilité de faire nos propres feedback sur le jeu, de donner des conseils, que ce soit sur le gameplay, sur la monétisation, sur les axes de communication, sur les trailers également.

Il n’y a absolument pas de journée type, en particulier depuis la pandémie, le jeu vidéo évolue beaucoup et change énormément, en fait. Donc on est toujours dans la réaction, on est souvent dans l’urgence, et la priorité c’est de faire circuler les informations quand elles arrivent, notamment au travers des différentes équipes, s’assurer que tout le monde ait la bonne info pour pouvoir travailler et trouver des solutions aux problèmes qui peuvent arriver. 

Je suis une joueuse depuis l’enfance. Depuis toute petite, j’ai eu toutes les consoles qui pouvaient exister mais j’avais pas forcément identifié le jeu vidéo comme étant un travail en fait. Bizarrement parce que, curieusement, on a tendance à penser que le jeu vidéo c’est forcément déjà à l’étranger et pas forcément en France, que ces métiers là se situent soit aux Etats Unis, ou autres, donc voilà avoir accès aux métiers du jeu vidéo en France c’était pas une évidence, en fait, c’était plutôt une chance. J’ai d’abord commencé par du marketing, et je suis arrivé à l’époque chez Vivendi Games pour faire de la localisation de boîtes de jeux et manuels, et là, ça a été une révélation parce que je me suis aperçue qu’on pouvait lier et sa passion et le travail. 

Alors, c’était pas un avantage, après je pense pas que j’ai eu, je pense pas non, avoir eu de problèmes particuliers par rapport à ça, peut être un problème de légitimité. Parce que quand on dit qu’on est joueuse, je pense que c’est encore vrai maintenant, mais il y a une dizaine d’années en arrière, forcément on catalogue dans une typologie de jeux, donc ça va être des jeux très familiaux qu’on appelle casual gaming donc très faciles d’accès etc. C’est difficile, je pense, de concevoir qu’une femme puisse jouer à des RPG, des FPS et donc il y a toujours un travail de légitimité d’expliquer à quoi on joue, voilà de dire ”oui, on s’y connait en jeux vidéo” et pas forcément parce qu’on a un frère ou un petit ami qui joue, mais parce que nous-mêmes, on joue aussi.

Si je peux donner un conseil, c’est de se faire confiance et de se dire qu’on est totalement légitime. Qu’on soit joueuse ou pas, parce que selon moi, même si on ne passe pas vingt heures par jour ou par semaine sur sa console, on est totalement légitime, à partir du moment où on comprend le marché sur lequel on travaille, on le connaît. On ne market pas aujourd’hui un jeu vidéo comme on le marketait il y a quinze ans, ça n’a plus rien à voir. Le jeu vidéo en lui-même est totalement différent, sa consommation, sa façon de jouer, la façon dont sont consommés les médias aujourd’hui et nos cibles, elles, changent perpétuellement. Donc voilà, il faut aimer le changement et savoir l’accompagner, savoir écouter, détecter les signaux faibles auprès des équipes, auprès du marché aussi, et recueillir et donner des feedbacks avec bienveillance, pour pouvoir faire évoluer les équipes.

Oui, sans problème (rires), je referais exactement la même chose dans le même ordre. Oui, je conseille à tout le monde, même si, je tiens à préciser notamment peut-être pour ma famille que non, je ne passe malheureusement pas mes journées à jouer aux jeux vidéo, j’aimerais bien mais non.