50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 7 — Concept Artist Freelance – Karine Villette 

Bonjour, je m’appelle Karine Villette, je suis actuellement senior concept artiste chez Blizzard en étant indépendante et j’exerce actuellement depuis Paris. 

Pour définir mon métier, je dirais que j’ai, à la fois un rôle de proposition d’idées, des idées d’ambiances et de décors dans lequel le joueur va évoluer, et à la fois un rôle de designer donc ça va vraiment être de répondre à une problématique qui va être imposée par un directeur artistique et de trouver des solutions. Donc par exemple, designer une culture ou un lieu spécifique ou une architecture particulière.

Quand je dois expliquer mon métier à ma famille, c’est un petit peu compliqué parce qu’ils ne sont pas du tout dans le monde du jeu vidéo, j’essaye d’expliquer du coup, avec des exemples un peu simples où généralement, tout le monde a vu, du coup, je prends souvent Star Wars comme exemple. En fait, j’explique qu’il y a des vaisseaux, il y a de l’architecture, il y a des cultures à designer et qu’il faut des gens derrière tout ça pour proposer les idées et donner vie à tout ce monde en fait.

L’emploi du temps, ça dépend des projets sur lesquels on est. En général, moi j’ai deux ou trois jours pour proposer une grosse idée ou aiguiller quelque chose. Donc le matin je me lève, j’attaque direct sur des sketchs, faut en fait poser mes idées pour après partir en 3D dans le reste de la journée et le lendemain, je pense, passer toute une journée à repeindre sur mon image. Ce qui m’a amené à ce métier en fait, c’est que depuis très jeune, j’adore les jeux vidéo, j’ai toujours beaucoup joué. J’ai mis du temps, je pense à réaliser qu’on pouvait travailler dedans. Une fois que j’ai compris que c’était possible, j’ai beaucoup dessiné en autodidacte, j’ai pas rejoint d’école, j’ai vraiment tout appris, via internet. Je pense que au bout de deux, trois ans j’ai commencé à me lancer en freelance. Très vite, ça a fait boule de neige et j’ai eu de plus en plus de clients, jusqu’à atteindre le projet qui me plaît vraiment et sur lequel je pense rester un petit peu d’années. Je me suis renseigné sur les écoles au début, mais c’est vrai que souvent, il y a un cursus assez généraliste où on touche à tout. On touche à la fois au character design, à la fois à l’environnement, à la fois aux props, ça à plein de métiers en même temps, et ça m’a pas trop plu parce que j’ai commencé tard en fait, et je voulais pas perdre trop de temps. Donc j’ai préféré faire mon cursus un peu moi même, me diriger vers vraiment ce que j’aimais à savoir l’environnement et aller à fond là-dedans en fait.

Qu’est ce qui me nourrit culturellement ? Je pense que c’est, effectivement, beaucoup de jeux vidéo, films, séries, forcément, je lis énormément aussi, j’ai un attrait spécifique à tout ce qui est lecture d’horreur, tout ça, j’adore, c’est un monde qui fascine. Je puise beaucoup de choses dans ces éléments là aussi et je pense que ça se ressent dans ce que je design. Et je suis beaucoup dans les univers niche aussi, je pense que c’est une vraie force pour moi, parce que j’arrive à sortir des choses que peu de gens connaissent.

Selon moi, les qualités, c’est beaucoup d’obstination et de persévérance parce que les bonnes idées, elles viennent pas toujours du premier coup. Il faut pouvoir garder la tête froide parce que souvent il y a les deadlines qui se rapprochent. Il faut être capable de se dire “Ok, c’est pas grave, je vais trouver quelque chose”, donc beaucoup de résistance au stress aussi. Beaucoup de discipline,surtout si on en freelance. Parce qu’il faut avoir l’envie de s’asseoir huit heures et plus par jour et de continuer à proposer des idées même quand on est fatigué. Je pense qu’il faut aussi être capable d’être justement, une force de proposition, de sortir des sentiers battus, d’être capable, d’outrepasser, entre guillemets, le directeur artistique, pour venir nourrir vraiment des idées et en jeu en fait, parce que souvent c’est ce qu’on nous demande aussi en tant que senior, en tout cas.

Moi je pense que j’ai une facilité d’être une femme dans le jeu vidéo, parce que justement je suis en freelance et je travaille de chez moi, donc ça me donne une vraie barrière avec mes interlocuteurs quand même et je pense que j’ai plus de respect grâce à ça. Je vais pas mentir, j’ai quand même des moments où, parfois, je sens que je dois peut-être faire un petit peu plus et montrer un petit peu plus que mes paires. Voilà, c’est c’est comme ça, ça arrive. Mais dans l’ensemble j’ai pas à me plaindre, en tout cas personnellement. 

C’était vraiment un rêve, je pensais que ce serait plus loin atteindre du coup je suis un petit peu … c’est un rêve vraiment de se dire que mon travail va être vu par des millions et des millions de personnes à chaque fois c’est hallucinant, mais enfin c’est hyper stressant mais c’est grisant, c’est génial, voilà j’adore, je changerai pas je pense.