50 MÉTIERS DU JEU VIDÉO PAR 50 FEMMES

TRANSCRIPTION

Épisode 8 — Narrative Designer et fondatrice (Maratu) – Anaïs Berly

Bonjour, je m’appelle Anaïs Berly, je suis narrative designer et game writer, mon entreprise est domiciliée à Charleroi, en Belgique.

J’ai vu un jour, une autre narrative designer dire que le narrative design, c’était le fait de raconter une histoire, sans mot, j’ai trouvé ça très juste ; en opposition avec le game writing qui concerne tout ce qui est plutôt textuel. C’est un travail qui impacte idéalement l’ensemble des aspects du jeu, afin d’immerger les joueurs et les joueuses dans l’expérience souhaitée.

Le mien est un petit peu atypique, d’emploi du temps, dans le sens où, comme je suis aussi chef d’entreprise, il est très souple. En général, le matin est réservé à tout ce qui est réunions, échanges avec l’équipe, les choses qui demandent d’être assez souple, de s’adapter. L’après-midi, je préfère le garder à l’écriture, à tout ce qui est plus calme, à tout ce qui est réflexions et procédures.

Ce que j’aime beaucoup dans ce travail, c’est sa versatilité et sa polyvalence, on est amené à travailler avec des développeurs, des artistes, des monteurs vidéo … C’est un poste qui permet d’apprendre énormément, de travailler avec des personnes vraiment différentes. Aucune journée ne ressemble à une autre.

Pour être narrative designer, il faut arriver à travailler en équipe, c’est indispensable, même en tant que freelance. On est amené à travailler avec des gens, très différents, de corps de métiers très différents. Donc avoir une certaine capacité de communication, être capable de se remettre en question, de pouvoir expliquer aux autres. Évidemment d’être créatif et d’être curieux, c’est ce qui va nous permettre d’être original, de trouver l’inspiration ailleurs et de voir ce qui se fait dans les autres jeux vidéo.

En fait, je trouve très intéressant, en tant que narrative designer, de travailler avec des devs et des game designers plutôt dans tout ce qui est level design itératifs, parce que ce sont des gens qui travaillent sur des domaines, qui sont extrêmement différents des miens, qui manipulent les maths comme moi jamais je le ferai, qui font du tech art pour certains. Donc c’est des domaines que je ne connais pas du tout. Ça nous permet de construire ensemble une histoire avec des éléments que eux maîtrisent, donc eux m’apprennent. Avec un artiste, je trouve qu’on a plus l’approche, artistique, donc, c’est beaucoup plus familier qu’avec un développeur qui est plutôt dans le pragmatique, dans les chiffres, c’est pas du tout la manière de travailler. Je trouve ça très enrichissant.

Je pense qu’au vu de l’actualité, on peut dire c’est difficile d’être une femme dans le jeu vidéo, les exemples sont nombreux. Soyons clairs, je vois que c’est une amélioration depuis quelques années. Il y a de plus en plus de femmes et de femmes racisées qui se font leur place mais ce n’est pas encore ça et c’est faiblard, on va dire comme amélioration, donc, je suis contente que ça aille mieux mais pour l’instant c’est pas trop ça. Je savais que c’était un milieu assez sexiste, mais en même temps j’ai travaillé dans des domaines assez sexistes avant, donc, c’est quelque chose de familier et qui ne me fait pas peur, ça m’agace, mais ça ne me fait pas peur. Au contraire, je pense que quand des personnes plus fonceuses, débroussaillent, ça permet à des personnes plus timides après de se dire “je vais aller dans la brèche”.

C’est un rêve, à l’origine, de travailler dans le jeu vidéo, je pensais que je n’y arriverai jamais parce que à l’époque les écoles étaient chères, les places étaient peu nombreuses et c’est juste pas possible pour moi, donc je suis ravie d’avoir eu l’opportunité de réaliser ce rêve-là. Et si on me reposait la question, je dirais oui tout de suite. Il n’est pas parfait mais aucun travail n’est parfait non plus.